Déjà 8000 milles nautiques de navigation !
Energy Observer est un véritable bateau pédagogique, un navire démonstrateur. « Grâce au choix du mix énergétique, batterie et pile à combustible, le bateau préfigure le futur de la mobilité maritime », affirme Victorien Erussard, président, capitaine et fondateur. « J’en suis convaincu. Nous avons travaillé sur un démonstrateur, un navire intelligent qui préfigure les réseaux énergétiques de demain. Nous avons voulu représenter le cercle vertueux en utilisant plusieurs formes d’énergies renouvelables et de stockage. »
Un choix imposé par l’évidence. Si l’énergie du catamaran expérimental n’était stockée uniquement dans des batteries Lithium, le surpoids de stockage représenterait 14 tonnes supplémentaires. La solution hydrogène permet de réaliser 50 % de gain de poids. Le prolongateur d’autonomie passe nécessairement par une pile à combustible et une possibilité de stockage d’hydrogène.
La configuration actuelle d’Energy Observer, panneaux solaires et pile à combustible alimentée en hydrogène, correspond à la Méditerranée. « J’appréhende l’année prochaine, en Europe du Nord où le taux d’ensoleillement est moins fort, s’inquiète Victorien. Nous allons travailler cet hiver pour intégrer de nouvelles technologies et augmenter les performances du navire. »
Une évolution permanente
L’énergie est vraiment au cœur du quotidien du catamaran. En mer, la vie du bord s’articule autour de sa production et de sa consommation. « On se rend compte que l’on en consomme beaucoup dès que l’on augmente notre vitesse, constate Victorien Erussard. Elle est exponentielle. Chaque nœud (Ndlr : 1,852 km/h) supplémentaire a un véritable coût énergétique. »
La vitesse de croisière optimale du catamaran tout électrique est volontairement calibrée à 4,7 nœuds (Ndlr : 8,7 km/h) par Roland Reynaud, l’un des ingénieurs embarqués. Des vitesses qui peuvent sembler dérisoires pour les terriens, mais qui permettent à Energy Observer, de réaliser des distances de 1 000 km en 4 jours. « Au final, on en fait des milles. Un voilier de croisière, qui navigue à la voile et au moteur affiche une moyenne d’environ 5 nœuds. »
Une technologie maîtrisée
Seule contrainte, l’obligation de réaliser des escales techniques régulières, le temps de recharger les batteries à terre, mais aussi de reconstituer les réserves d’hydrogène qui suppléent la nuit au photovoltaïque.
A l’heure de ce premier bilan, le fonctionnement de ce système révolutionnaire est entièrement maîtrisé. Les deux ingénieurs du bord, formés au Commissariat aux énergies atomique et alternatives (CEA), qui jusqu’il y a encore peu embarquaient en binôme, alternent dorénavant les bordées d’équipages.
“Tout est en train de s’automatiser, souligne le capitaine du bord. L’intelligence logicielle est une belle réussite du navire. Toute la partie électronique "managing system" est automatisée. Dès que le manque d’énergie se fait sentir, la pile à combustible démarre automatiquement. De même, elle se coupe dès que le soleil prend le relais.”
Energy Observer a parcouru près de 8000 miles nautiques. A mi-parcours du tour de la Méditerranée, notre capitaine Victorien Erussard est satisfait de la combinaison des panneaux solaires et de la pile à combustible à hydrogène qui propulse le bateau. En Méditerranée, ce mélange énergétique peut assurer à l'équipage des navigations très sûres et autosuffisantes.
Des innovations à venir
L’aspect recherche et développement du projet est validé. L’étape suivante est le volet pédagogique. « À travers cette démonstration, nous avons un rôle d’ambassadeur de l’hydrogène. »
L’évolution de ce navire décarbonné est permanente. Mais l’aventure technologique continue, avec de nouvelles évolutions en perspective. Energy Observer va poursuivre son périple autour du monde jusqu’en 2022, toujours avec le soutien de partenaires privés et du ministère de la transition écologique et solidaire (MTES), pour faire découvrir ces technologies du futur mais aussi aller à la rencontre des acteurs du développement durable sur la planète.