Energy Observer à la découverte des yachts du futur
Un peu plus de 52 000 yachts de grande plaisance sillonnent la planète. Le terme grande plaisance, « Super Yachts » en anglais, rassemble les navires de grand luxe de plus de 24 mètres utilisés à titre privé ou commercial. Une flotte qui représente, en émission de particules fines, l’équivalent d’environ 520 000 000 voitures, soit près de la moitié de la flotte automobile mondiale.
Autre constat : le propriétaire de yacht est grégaire. Que ce soit en Méditerranée en été ou dans l’arc antillais l’hiver, les yachts se concentrent sur des spots bien identifiés comme Saint-Tropez, Monaco, Porto Cervo, Palma, Ibiza, Mykonos, Saint-Barth ou les îles Vierges.
“L’été à Saint-Tropez, tous les bateaux arrivent et partent en même temps. Ils produisent une pollution énorme. En venant du large, on ne peut pas rater le nuage qui flotte au-dessus du golfe de Saint-Tropez. On pourrait penser que ce sont les voitures des vacanciers qui en sont l’origine. Mais, ce n’est pas vrai. Les trois-quarts des voitures sont aujourd’hui équipées de pots catalytiques.”
Le confort est le moteur de la grande plaisance
Et paradoxalement, cette technologie de filtration des gaz d’échappement n’a toujours pas fait son apparition dans la grande plaisance.
Mais la roue tourne. Un nombre important d’armateurs annonce être prêt à investir dans les innovations liées aux nouvelles énergies. Un virage a été pris depuis environ 18 mois. Lié sans doute à l’augmentation du prix des hydrocarbures.
“L’univers de la grande plaisance est un monde très sensible au confort. Jusqu’à présent, ces propriétaires n’avaient pas vraiment conscience que le bien-être pouvait aussi passer par l’innovation et par le confort environnemental. Le message a évolué. Maintenant, on entend : "Si cela n’occasionne pas trop de changement et même si cela coûte un peu plus cher, je suis prêt à investir dans le « green »".”
Cela se traduit concrètement par des refits (Ndlr : réfection) de bateaux qui intègrent des technologies à dimensions environnementales. Depuis peu, les réticences sont moins nombreuses pour entamer des chantiers qui bloquent le bateau à quai. Des travaux qui permettent de réaliser des économies de carburant, tout en améliorant l’image. « Je ne saurais pas dire d’où cela vient, mais c’est une réalité », poursuit le spécialiste.
Des systèmes de propulsions hybrides font leurs apparitions, toujours motivées par le confort. « Concrètement, cela se traduit par de l’hybride parallèle, essentiellement pour les propulseurs électriques à pods, confirme le directeur de l’innovation d’Enata Industries. Ces innovations enlèvent des vibrations, dégagent de la place pour le rangement. »
C’est d’ailleurs le confort qui sera le levier de cette transition technologique et énergétique. « Les clients sont maintenant clairement demandeurs de générateurs à hydrogène pour fournir l’électricité du bord. Même si le prix est beaucoup plus important, ils vont le faire parce que les plus grosses nuisances sur ces bateaux sont le bruit et les odeurs de gasoil. En revanche le solaire n’a pas pris car un bateau est avant tout un achat émotionnel et aujourd’hui on a encore du mal à faire un panneau solaire esthétique. »
Optimisation des carènes et nouveaux appendices
Mais, dans un futur très proche, les générateurs à hydrogène devraient aussi trouver leur place pour la propulsion. Associés à des carènes qui évoluent et à de nouveaux appendices comme les foils qui ont déjà fait leur apparition. « Nous restons toujours dans une idée d’amélioration du confort, mais les efforts sont aussi réalisés pour diminuer les consommations de carburant. Le foil est une des solutions, avec en plus une sacrée plus valu d’image lorsque vous êtes à la barre d’un bateau qui vole, d’autant que sur un bateau de 10 mètres, on a le confort d’un bateau archimédien de plus de 20 mètres. »
Mais il ne faut pas rêver, un bateau de 40 mètres avec tout le confort à bord, n’est pas encore prêt de voler. En revanche la solution foil soulagera les carènes et améliorera le confort à la mer.
Des solutions de production d’énergie propre sont aussi en développement, comme les volants à inertie, que l’on retrouve dans certaines de nos montres. Des réflexions sont en cours pour capitaliser les mouvements des bateaux et les transformer en énergie.
Et on réfléchit déjà au futur du futur. Des dossiers élaborés durant la guerre froide ressortent. Des ekranoplans, mélange d’avion et de bateau, utilisant les effets de sol, sont en projets.
Chiffres clés
- Un paquebot de 345 mètres, d’une puissance de 157 000 ch, représente l’équivalent d’1 000 000 de voiture en émission de microparticules.
- Un ferry de 180 mètres, d’une puissance de 60 000 ch, représente l’équivalent de 400 000 voitures en émission de microparticules.
- Un yacht de 40 mètres, d’une puissance de 1 500 ch, représente l’équivalent de 10 000 voitures en émission de microparticules.