Energy Observer, un ambassadeur des solutions alternatives
Le navire se trouve à mi-parcours de la première transatlantique réalisée aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. Un “anniversaire” qui survient dans un contexte mondial difficile mais qui montre que des initiatives concrètes sont déjà en route pour repenser notre monde de façon plus harmonieuse. Interview croisée pour décrypter ce moment charnière avec Victorien Erussard et Jérôme Delafosse.
Trois ans déjà depuis la mise à l’eau d’Energy Observer ! Quels sont les éléments qui ont marqué ces premières pages de l’histoire du navire ?
Victorien Erussard (V.E.) : “En premier lieu les défis technologiques, car ce qui semblait impossible il y a quelques années est devenu une réalité : du premier système de production d’hydrogène vert embarqué en 2017, autosuffisant et sans émissions carbone sur la nature, jusqu’à la première navigation au Svalbard sans énergies fossiles en 2019.
Notre responsabilité est double : tester et valider des technologies pour les rendre accessibles au plus grand nombre, et permettre aux gens de se projeter dans un futur plus responsable, plus solidaire avec des solutions concrètes. Mais également aller à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent et développent des initiatives intelligentes, résilientes à travers nos contenus audiovisuels. »
Jérôme Delafosse (J.D.) : “En effet, cette aventure humaine nous a permis de mener une Odyssée positive en mer comme sur terre à la rencontre des femmes et des hommes qui réinventent l’énergie, l’agriculture, l’économie, la solidarité, et ceux qui trouvent des solutions pour protéger la biodiversité.
Notre navire est un laboratoire technologique, mais c’est aussi un symbole qui préfigure le monde de demain : ne consommer que l’énergie que l’on produit, produire massivement des énergies vertes à un coût accessible, valoriser les personnes qui font, qui mettent leur savoir-faire au service de Solutions concrètes pour la transition énergétique, sociale et environnementale. »
“Cette première phase de l’odyssée de 3 ans en Europe a vraiment permis de tester et de valider nos technologies à bord, pour pouvoir dorénavant les déployer à grande échelle en mer comme à terre.”
C’est un anniversaire un peu particulier, car le bateau est en train d’accomplir sa première transatlantique et vous n’avez pas pu embarquer. Que souhaitez-vous à l’équipage ?
V.E. : « C’est la plus grande distance que le bateau va parcourir en totale autonomie à ce jour ! Et de plus, uniquement propulsé aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. Un signal fort, un challenge incroyable pour le bateau comme pour l’équipage (notamment les marins que nous sommes).
Evidemment j’aurais beaucoup aimé être à bord pour cette première transocéanique, mais nous avons préféré préserver la santé de l’équipage et respecter les règles de confinement.
L’équipage suit les directives gouvernementales et sanitaires et n’a pas mis le pied à terre depuis plus de 20 jours. C’est un challenge pour eux, car ils ne devaient pas partir aussi longtemps, ils sont éloignés de leurs familles et ont dû trouver des moyens d’être autonomes pour produire leur propre eau potable et optimiser l’avitaillement car certains pays refusaient même que le bateau reste au mouillage.
Nous sommes en contact quotidien avec eux, et savons que même si c’est dur, ils sont en train de mettre en œuvre des solutions concrètes à bord du navire. C’est une aventure unique ! »
J.D. : « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait : c’est un peu la devise d’Energy Observer depuis le début de l’Odyssée !
Bien sûr j’aimerais être à bord avec l’équipage, vivre ces moments historiques avec eux. Mais la résilience c’est aussi savoir s’adapter aux situations difficiles, et cette crise nous rappelle à l’ordre, nous enjoint à faire preuve d’humilité et de passer nos besoins individuels après des causes plus grandes.
Energy Observer n’est pas l’histoire de deux fondateurs, c’est une aventure humaine avec des marins, des ingénieurs, des explorateurs, et surtout des gens passionnés ! C’est cette diversité de talents et de personnalités, ce mix humain, qui fait aussi notre force et qui nous permet de nous adapter à toutes les situations, à l’image du mix technologique à bord du bateau. »
La crise sanitaire actuelle nous interroge – entre autres – tant sur nos modes de vie et notre rapport à la nature. Comment les Objectifs de développement durable peuvent-ils nous aider à imaginer et construire le monde d’après ?
V.E. : « Le fait que cette crise sanitaire soit très rapidement devenue une crise économique et sociale mondiale montre que tout est lié, à l’image de l’interdépendance des piliers du développement durable : à un problème complexe ne peut être apportée une réponse qui porterait uniquement sur l’écologie, l’économie ou l’égalité sociale.
Il faut non seulement changer notre modèle de production, mais nos modes de vie, notre rapport à l’environnement, au développement, à la santé, etc. Les 17 ODD trouvent aujourd’hui une traduction concrète et dramatique dans la crise du Covid-19, et ils constituent notre meilleur atout pour sortir grandi de cette situation.
Cette crise sans précédent doit nous conduire à être plus responsables à l’échelle individuelle et collective, à challenger nos modèles actuels et à poser les fondements du « monde d’après » pour le bien-être des peuples et de nos enfants, dans le respect de notre planète. »
“Cette crise est écologique autant que sanitaire, et nous met en garde tout en nous offrant une opportunité unique pour aller de l’avant et construire un monde plus juste.”
J.D. : « Ce monde là, nous y réfléchissons depuis longtemps avec Energy Observer ! En tant que premier ambassadeur des Objectifs de développement durable, nous pensons que ces 17 objectifs démontrent toutes leur pertinence pour comprendre la crise et travailler à un futur plus durable.
Nous souhaitons à notre échelle, poursuivre notre mission et bien entendu partager toutes les solutions que nous avons pu identifier pour agir de façon intelligente sur tous les aspects des transitions : climatique à travers le déploiement d’énergies propres et d’hydrogène vert, mais aussi globalement écologique et sociale. »
Pour aller plus loin :