La transition énergétique du maritime : des enjeux multiples
2,9 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent du secteur maritime, dont 87 % concernent les navires de marchandises. Si le transport maritime international était traité comme un pays, il serait le 6e émetteur de CO2 au monde, après les États-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde et le Japon.
Ce constat met l’emphase sur l’impact des navires de commerce sur la biodiversité marine. Un impact qui ne concerne pas seulement le shipping, mais aussi la mobilité maritime en général (pour plus d’informations, vous pouvez écouter la présentation de Victorien Erussard lors de la 5e Conférence du Cycle de l’Hydrogène).
De la course de vitesse à celle de l’impact positif
Le circuit Sail GP rassemble des F50 de huit nations différentes, qui s’affrontent dans des régates partout dans le monde et atteignent des vitesses allant jusqu’à presque 100 km/heure sur l’eau. La course dans la course, c’est le programme “Race for the Future”, qui vise notamment à réduire l'impact environnemental de la compétition et encourager tout le secteur à "courir pour un meilleur futur ". Ce classement "Impact League" qui se joue en marge du championnat Sail GP sensibilise chaque concurrent à avoir le plus faible impact environnemental possible. Chaque équipe est jugée sur 10 critères inspirés des Objectifs de développement durable au cours d’une semaine, par exemple sur leur manière de voyager, du transport de leurs équipements, de leur consommation alimentaire et du recyclage de leurs déchets. Le plus gros challenge réside dans la consommation de carburant fossile des 18 bateaux à moteurs qui les accompagnent à chaque course pour les besoins techniques et de sécurité.
L’évènement de Saint-Tropez a été marqué par la présence d’une solution concrète zéro émission, un générateur électro-hydrogène développé par EODev qui permet de remplacer les générateurs diesel pouvant être utilisés à quai, par exemple pour les besoins évènementiels.
De nouvelles technologies pour la navigation de plaisance
Durant le Yachting Festival de Cannes, c’est Katia Nicolet, biologiste marin à bord d’Energy Observer, qui est allée découvrir les nouvelles technologies qui rendront la plaisance de demain plus respectueuse de l’environnement. Aujourd’hui seuls 9 000 bateaux de plaisance sont électriques, soit 1% du marché. Autant dire que la marge de progression est bien là.
La nécessaire évolution des règlementations
La 16e édition des Assises de l'Économie de la mer à Nice a rassemblé les principaux acteurs de la communauté maritime. Au programme pour l’édition 2021 : une relance économique sur fond de transition écologique.
Tous les sujets économiques et sociaux qui touchent le secteur maritime qu’il s’agisse des conséquences de la crise sanitaire sur l’emploi et l’économie du secteur, des enjeux plus spécifiques de la filière du yachting comme de la marine marchande ou de l’écosystème portuaire ont été abordés. Mais c’est bien l’urgence de la transition écologique qui était au cœur de ces assises 2021, et on ne peut que s’en féliciter.
La présence de décisionnaires des secteurs public et privé faisait également de cet évènement une opportunité pour les sensibiliser à l’évolution des règlementations, qui faciliteront le développement de nouvelles technologies pour le maritime.
La loi juridique est souvent plus lente que celle du marché et de l’innovation, ce qui conduit à un décalage entre les besoins des entrepreneurs et une réglementation en retard sur la réalité du terrain.
“Parmi les leviers à actionner prioritairement d’ici 2023 pour réduire ces émissions : la réduction de la vitesse des navires. À moyen terme, c’est-à-dire à échéance 2030, les propulsions des navires doivent aussi devenir plus efficientes. Mais c’est surtout l’instauration d’une taxe carbone spécifique qui déciderait les compagnies concernées à faire les bons choix.”
Certains exemples nous concernent particulièrement :
- La pressurisation de l’hydrogène pour les navires. Aujourd’hui les voitures peuvent rouler avec de l’hydrogène gazeux stocké à 700 bars, contre 350 bars pour les navires, ce qui est un frein pour bénéficier d'une plus grande autonomie, élément déterminant pour la mobilité maritime.
- Un réseau de stations hydrogène dans tout le territoire pour permettre le développement de la mobilité hydrogène à terre et en mer.
- Adapter les textes législatifs aux nouveaux systèmes de propulsion hydrides utilisant l'hydrogène comme vecteur énergétique afin de libérer l'innovation et soutenir les entrepreneurs.
- L’uniformisation des règlementations entre les ports de l'hexagone pour généraliser et faciliter l’usage des navires de propulsion hybrides et hydrogène.
Si comme le soulignait le Président de la République Emmanuel Macron « la mer est un espace d’innovation », nous sommes convaincus qu’elle sera pourvoyeuse de solutions au service de l’écologie... à condition de lui en donner les moyens.