Une opération inédite sur le système hydrogène
Pour la première fois depuis la mise à l’eau du bateau en 2017, les réservoirs d’hydrogène à bord d’Energy Observer ont été ôtés de leurs caissons pour une inspection sur l’ensemble du circuit haute pression. Une opération qui a tenu en haleine l’équipe durant plus de 3 jours au Cap, en Afrique du Sud.
Avec plus de 6 ans de navigation et près de 60 000 milles nautiques parcourus sous différentes latitudes, le bateau et ses technologies embarquées sont soumis à de dures conditions environnementales, des chocs et des températures extrêmes. Vent, soleil, sel, humidité mettent à rude épreuve les équipements et notamment le circuit haute pression. Sur Energy Observer se trouvent 8 réservoirs en fibre de carbone pouvant contenir en tout 62kg d’hydrogène. Ce qu’on appelle le circuit haute pression, c’est l’ensemble formé par les réservoirs d’hydrogène, le piping (Les tubes reliant les composants), les connecteurs ainsi que les vannes. Pour la première fois, l’équipage a tout démonté pour prodiguer les soins nécessaires et préparer le navire aux longues navigations à venir.
Une opération de haute-volée
Cette intervention a sonné le retour de Didier Bouix à bord. Ancien ingénieur du Commissariat à l’énergie atomique (CEA-Liten), il avait supervisé la conception et l'installation de l‘ensemble de la chaîne énergétique du bateau à ses débuts. Au Cap, il a pû accompagner l’équipe technique dans cette opération délicate. Un moment fort pour Didier qui n’était pas revenu depuis 2018. Une équipe d’Air Liquide était aussi présente pour apporter son expertise sur l'ensemble des opérations effectués et fournir de l'azote pour le volet inertage.
“C’était dur de sortir les réservoirs car ils sont là depuis longtemps, ça nous a pris 4h. Ils pèsent 700 à 800 kg, et avec la marée ça se compliquait ! ”
Afin même de pouvoir déplacer les réservoirs et les retirer de leurs caissons, il est primordial de les inerter, donc de remplacer l’hydrogène par un gaz inerte, l’azote. L’inertage permet de maintenir des concentrations d'oxygène sécurisées dans l'espace vide du réservoir H2 et ainsi de réduire les risques d'inflammabilité et d'explosion.
À savoir : l'hydrogène est stocké à 350 bars dans les réservoirs d’Energy Observer. Cela équivaut à la pression qu’exercerai une colonne d’eau de 3,5 km sur un point donné !
Une fois purgés, l’équipe a pu examiner les réservoirs avec des caméras endoscopiques pour détecter d’éventuelles traces de corrosion ou de fissures et vérifier les capteurs, les joints et les connecteurs.
Une fois les caissons nettoyés et l’opération finie, les réservoirs ont pu être remplis d’azote puis d’hydrogène et réinséré à bord à l’aide d’une grue.
A l’aide d’une caméra endoscopique, Jean Baptiste a pu examiner les réservoirs de l’intérieur et constaté que les réservoirs étaient en bon état : aucune fissure ni de corrosion ne sont venus endommager les réservoirs.
L’opération a permis de remplacer des connecteurs et des électrovannes. Ces électrovannes vissées à chaque extrémité du réservoir permettent de fermer le réservoir. Elles contiennent des soupapes de sécurité (qui laissent s’échapper le gaz en cas de problème), une sonde de température et un capteur de pression. C’est via cette vanne que s’opère le remplissage de l’hydrogène. Les joints et capteurs défaillants de ces vannes ont ainsi été changés.
“Pour moi, ça a été l'occasion d'apprendre toute la partie inertage. Comment est-ce qu'on dilue bien le gaz pour travailler en sécurité ? Et puis le remplissage, voir comment sont faites nos connexions... J'ai pu travailler avec Didier Bouix, qui est l’un des papas du bateau. C'était vraiment très intéressant. ”
L’équipe technique présente au Cap a pu également faire la maintenance de l’électrolyseur. Elle est notamment intervenue sur les colonnes d’assèchement en eau. L’hydrogène produit par électrolyse, donc à partir d’eau et d’électricité, doit être asséché dans ces colonnes, dont les billes ont pu être remplacées.
Des calculs de perte avant et après maintenance ont permis à Didier Bouix d’établir qu’il y avait très peu de vieillissement sur l’électrolyseur.
Des conclusions encourageantes pour la préparation du navire aux longues navigations qui l'attendent, notamment avec une deuxième transatlantique de la Namibie vers le Brésil. Le défi avant le départ ? Produire un maximum d'hydrogène pour partir avec des réservoirs bien remplis !