Spitzberg, Norvège
Energy Observer est arrivé sur l’île de Spitzberg dans l’Archipel du Svalbard à 78° de latitude nord, propulsé uniquement aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. Un challenge historique et une première mondiale !
En provenance de: St Petersbourg, Russie
Heure d'arrivée: 07:00
Après 5700 km parcourus depuis Saint-Pétersbourg dans des conditions climatiques défavorables et en autonomie énergétique totale, Energy Observer est arrivé ce samedi 10 août dans l’archipel du Svalbard considéré par la communauté scientifique comme l’épicentre, le Ground Zero, du changement climatique. Pour l’équipage d’Energy Observer, cette escale est sans doute la plus symbolique de son Odyssée en Europe du Nord.
Pourquoi le Spitzberg va marquer l'histoire d'Energy Observer
Prouver qu’il est possible de naviguer en totale autonomie, dans des conditions extrêmes en puisant son énergie dans la nature et sans aucun impact écologique.
Depuis le début de l’aventure, l’équipe Energy Observer avait rêvé de relever ce challenge : rallier l’Arctique en totale autonomie énergétique, sans émissions de CO2, sans particules fines et sans pollution sonore qui puisse perturber les écosystèmes, en harmonie complète avec la nature. Ils l’ont fait ! L’équipage composé de marins, d’ingénieurs et de reporters embarqués peut être fier du chemin parcouru depuis avril 2017 et de cette nouvelle étape !
Ils l’ont fait ! Après presque 6000 km parcourus depuis Saint-Pétersbourg Energy Observer est arrivé ce matin à Longyearbyen, capitale du Svalbard, propulsé uniquement aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. Une première mondiale !
“Nous avons navigué jusqu’au Spitzberg depuis la Russie en autonomie énergétique totale et démontré que notre mix énergétique constitue le futur non seulement du transport maritime, mais préfigure les nouveaux réseaux énergétiques développés à terre. De plus, dans une région si éloignée et pourtant profondément impactée par le changement climatique, c’est un symbole fort d’arriver avec ce navire sans aucun moteur thermique, sans utilisation de diesel contrairement à tous les autres navires, voiliers compris. Il est urgent d’agir sur tous les fronts ! On ne peut plus attendre, les prochains mois vont être cruciaux. Nous voulons vraiment montrer que nos ressources ne sont pas illimitées et qu’il faut coopérer avec la nature intelligemment comme on le fait avec notre bateau : on produit ce que l’on consomme, on va à la vitesse que les ENR nous permettent d’atteindre !”
Le Spitzberg, épicentre du changement climatique
En moins de 20 ans, l’Arctique a perdu 1,6 million de kilomètres carrés de glace. Cette fonte des glaces qui s’accélère a des conséquences pour l’écosystème local, mais aussi pour le reste du globe, à court, moyen et long terme.
“Notre existence est intimement liée à celle des glaciers et nous l’ignorons trop souvent.” Notre rencontre avec Heïdi Sevestre au Spitzberg est de celle qu’on n’oublie pas. Glaciologue et experte de l’Arctique, ses recherches notamment sur les glaciers du Svalbard montrent qu’à terre ou en mer, ces derniers subissent de plein fouet le changement climatique.
“Atteindre l’Arctique grâce aux énergies renouvelables et à l’hydrogène pouvait sembler irréalisable mais nous l’avons fait. Au-delà du challenge technologique, c’est un message politique que nous souhaitons transmettre. Le Spitzberg représente le Ground Zero, l’épicentre du changement climatique, c’est là que l’on constate de manière la plus évidente les effets dévastateurs de l’humanité sur le climat et la biodiversité. Nous voulions prouver que si on peut naviguer en milieu extrême grâce à ce navire, demain tout le monde pourra vivre grâce aux ENR et nous aurons un vrai levier pour transformer le monde. C’est vrai, nous sommes les premiers à accomplir cet exploit, mais il ne s’agit pas là d’une compétition, nous apportons notre pierre à l’édifice pour sensibiliser citoyens, décideurs et industriels à l’urgence absolue de réconcilier l’Homme et la nature. Les décisions que nous prendrons dans les années à venir auront un impact sur les prochains millénaires.”
Tester des technologies innovantes dans des conditions extrêmes
Au cours de cette traversée depuis Saint-Pétersbourg, l’équipage et les ingénieurs ont beaucoup travaillé sur les ailes de propulsion éolienne Oceanwings®. Ces ailes testées pour la première fois sur un navire de cette dimension, ont pu être optimisées grâce au retour d’expérience des navigations aux conditions météorologiques complexes : peu de soleil, fort vent de face, grains, mer contraire, etc.
“Le défi de la dernière phase de navigation, longue de 600 milles nautiques entre Tromsø et Longyearbyen, a été de valider le bon fonctionnement des ailes et de pousser le bateau et toute la chaîne énergétique dans ses retranchements dans des conditions très rudes ! Un vrai jeu de stratégie avec des vents qui tournent, un ensoleillement très faible, des courants changeants.”
En mer Baltique, les ailes ont connu des problèmes de jeunesse avec des conditions de forts vents contraires. En mer de Norvège, le système a été mis à jour avec la CNIM et VPLP sur un mode dégradé de l’aile bâbord entraînant une gestion manuelle de leurs réglages. Enfin, dans l’océan Glacial Arctique, le système a encore évolué (codeurs, débug des capteurs, évolution du logiciel…) pour une utilisation optimisée pendant cette grande traversée.
Ainsi, Energy Observer poursuit plus que jamais son rôle de catalyseur R&D et continue de participer au déploiement de systèmes innovants, efficients pour la navigation et notamment le transport maritime.
L’hydrogène a de nouveau joué son rôle clef pour pallier l’intermittence des ENR. D’autant plus sous des latitudes hautes où le soleil est plus bas et où le froid nécessite une gestion encore plus précise des dépenses énergétiques et de la vie à bord.
“Cela a été une de nos plus grandes traversées. Dans des eaux à 5°C, il a fallu tirer parti de chaque brique technologique. Cela constitue une réelle première que de tester les systèmes dans des conditions si froides et de gérer les dépenses énergétiques pour la vie à bord et la propulsion.”
Pyramiden, la ville fantôme du Svalbard
Une ville fantôme au Svalbard : Pyramiden, là où le temps s’est arrêté. Fondée par la Suède puis vendue à l’Union Soviétique au début du 20e siècle, cette ville minière de 1 200 habitants a été abandonnée du jour au lendemain à la fin des années 90.