Spitzberg : la fonte des glaces, quelles conséquences ?
Energy Observer est en passe de devenir le premier navire au monde à rejoindre le Cercle polaire arctique, propulsé uniquement aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. 2,400 milles d’une navigation historique à parcourir entre St Pétersbourg et le Spitzberg, destination emblématique à plusieurs égards.
Cette île de l’archipel norvégien du Svalbard subit de plein fouet les effets du changement climatique, plus que n’importe où sur la planète. Un phénomène qu’Energy Observer va documenter durant son Odyssée.
Depuis 2014, l’Antarctique a perdu une superficie de glace équivalente à quatre fois la France. Pourtant la région ne se réchauffe pas. Elle reste l’endroit le plus froid de la Terre. L’Arctique, de son côté, connaît un réchauffement climatique deux fois plus rapide que le reste de notre planète. Les glaciers et les glaces de mer fondent. En moins de 20 ans, la région a perdu 1,6 million de kilomètres carrés de glace. Et la fonte de la banquise ne cesse de s’accélérer. Avec des conséquences pour l’écosystème local, mais aussi pour le reste du globe, à court, moyen et long termes.
Ainsi dans les fjords, les chercheurs trouvent-ils déjà des espèces de poissons inattendues. Car la hausse des températures de l’eau liées à la fonte des glaces procure à la région des conditions atlantiques. Les morues se font plus rares, mettant en danger les phoques qui peinent à changer de régime alimentaire. Les baleines blanches, en revanche, semblent se régaler des maquereaux et des harengs qui ont récemment fait leur apparition dans l’Arctique.
Un habitat naturel qui diminue
Les ours polaires, de leur côté, souffrent d’une perte de leur habitat. Et d’une période et d’un territoire de chasse qui se réduisent. Avec la disparition de la banquise, l’état de santé général des ours se détériore. Les portées sont moins nombreuses et les adultes plus fragiles.
Les hommes, quant à eux, pourraient aussi pâtir de la disparition des quelques espèces animales dont ils se nourrissent. Mais peut-être, avec la diminution des surfaces glacées, verront-ils une augmentation des possibilités de navigation et même des transports par voie terrestre. Et une nouvelle exploitation possible des réserves pétrolières et gazières en mer. Avec les préoccupations sociales et environnementales qui les accompagneront.
In Norway's Svalbard Islands, a polar bear and her cub struggle to find foodpolar bear walrus
La montée des eaux
Plus globalement, c’est une montée du niveau de la mer de près de 60 mètres qui nous attend si les 30 millions de kilomètres cubes de glace menacés venaient effectivement à fondre. Depuis le début du XXe siècle, le niveau de la mer a déjà augmenté d’une vingtaine de centimètres. Ainsi des îles du Pacifique ont été englouties. Plus près de nous, le littoral du golfe du Lion fait face à une érosion galopante.
Et ce que les chercheurs appellent l’amplification polaire n’arrange en rien la situation. Car avec la diminution des surfaces enneigées, ce sont des territoires plus foncés ou des surfaces marines qui apparaissent et absorbent un peu plus de la chaleur solaire. Augmentant ainsi le réchauffement climatique global.
Dans la vidéo ci-dessous, la fonte des glaces en Arctique est assez visible, avec la fonte des glaces anciennes qui sont remplacées par des glaces plus jeunes et plus fines.
La modification des courants océaniques
Les courants océaniques pourraient également se voir largement perturbés. Ces courants qui transportent l’eau froide vers le sud et charrient les eaux tropicales vers le nord. Conséquence : le climat mondial pourrait devenir plus chaotique et les événements météorologiques extrêmes devenir de plus en plus fréquents et intenses.
Des effets qui risquent d’être d’autant plus marqués que le pergélisol, le sol gelé de l’Arctique, semble lui aussi menacé par le réchauffement climatique. Une menace de taille, car une grande quantité de carbone s’y est naturellement retrouvée stockée au fil du temps. Aujourd’hui, l’incertitude demeure quant à la vitesse de son dégel. Mais sa contribution au réchauffement pourrait aller de 1 °C… à pas moins de 12 °C !
Notre dossier sur le Spitzberg
[Objectif Spitzberg] L’épicentre du changement climatique
Pour aller plus loin
Scientists shocked by Arctic permafrost thawing 70 years sooner than predicted – The Guardian
There’s Way Too Little Ice Around Svalbard Right Now – Gizmodo