Au Svalbard, la mémoire de 13 000 ans de biodiversité
Energy Observer est en passe de devenir le premier navire au monde à rejoindre le Cercle polaire arctique, propulsé uniquement aux énergies renouvelables et à l’hydrogène. 2,400 milles d’une navigation historique à parcourir entre St Pétersbourg et le Spitzberg, destination emblématique à plusieurs égards.
Cette île de l’archipel norvégien du Svalbard subit de plein fouet les effets du changement climatique, plus que n’importe où sur la planète. Un phénomène qu’Energy Observer va documenter durant son Odyssée.
Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’université de Stockholm et publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution en juin dernier, trois espèces de plantes disparaissent chaque année de la surface de la Terre depuis 1900. Une perte de biodiversité assez peu médiatisée, mais qui pourrait pourtant bientôt mettre en danger les écosystèmes et nous priver d’importantes sources de nourriture ainsi que de molécules thérapeutiques. Exposé à des niveaux élevés de dioxyde de carbone, le riz pourrait perdre en qualité nutritionnelles. Avec le changement climatique, les rendements du blé stagnent, la production de maïs est en baisse. Et 60% des espèces de café sauvage risqueraient l’extinction.
C’est précisément pour tenter de préserver la diversité génétique végétale de notre biosphère que plus de 1.500 banques de graines ont été créées dans le monde. Parmi elles, la réserve mondiale de semences du Svalbard, réputée la plus sûre, tant d’un point de vue géologique, qu’environnemental et géopolitique. Creusée dans le flanc d’une montagne de l’île du Spitzberg, cette réserve abrite depuis plus de dix ans des graines de cultures vivrières venues d’un peu partout dans le monde. Un record de plus d’un million de variétés différentes a même été atteint courant 2018.
Préserver la biodiversité végétale
Cette arche de Noé végétale consiste en une profonde cavité creusée dans le pergélisol afin d’aider à la conservation des graines. Et à environ 130 mètres au-dessus du niveau de la mer pour les protéger de la fonte des glaces. En tout, ce sont trois cavités susceptibles d’accueillir 1,5 million de graines chacune, maintenues par des unités de réfrigération à une température optimale de -18 °C.
Objectif : préserver la biodiversité d’une catastrophe régionale, voire mondiale, mais surtout, suppléer aux défaillances des autres banques de graines plus susceptibles d’êtres touchées par des pannes, des catastrophes naturelles ou des guerres. Une mission que cette réserve mondiale remplit pour l’heure parfaitement.
Pour exemple, celui de la collection de graines confiée au coffre-fort de Svalbard au début des années 2010 en pleine guerre civile syrienne, par des agronomes du Centre international de recherche agricole dans les zones arides (Icarda). La plus grande collection de graines du Proche Orient regagne aujourd’hui peu à peu ses terres d’origine.
Des graines définitivement en sécurité ?
Malgré toutes les précautions prises pour offrir une arche inviolable aux précieuses graines, la réserve mondiale de semences du Svalbard a montré une faiblesse en 2017. Le changement climatique a provoqué une fonte inattendue du permafrost. Et une inondation de la « chambre forte du Jugement dernier » comme la surnomme certains. Heureusement sans conséquence pour les réserves de graines.
Notre dossier sur le Spitzberg
[Objectif Spitzberg] L’épicentre du changement climatique.
[Objectif Spitzberg] La fonte des glaces, quelles conséquences ?
Pour aller plus loin
Long travelled seeds in place in the Seed Vault – Svalbard Global Seed Vault
15 Crops Secured in the Svalbard Global Seed Vault – Foodtank
Le Grenier de la planète fête ses 10 ans : près d’un million de graines conservées sous la glace – France TV Info
The world’s ‘doomsday seed vault’ is built to store every crop on the planet, but the icy area that protects it is at risk – Business Insider
Cherokee Nation invited to store seeds in Arctic vault – Cherokee Phoenix