Journée mondiale de la mer : pour un transport maritime durable
« Des transports maritimes durables au service d'une planète durable » : les enjeux soulevés pour cette Journée mondiale de la mer sont capitaux pour la survie des écosystèmes marins, à l’heure où 80 % du commerce mondial est effectué par les voies maritimes.
Autant de navires que de poissons dans les océans
Nos océans se remplissent de navires. Aujourd'hui, la flotte mondiale de commerce se compose d'environ 95 000 navires, pour un poids total de 1,92 milliard de tonnes de port en lourd (poids à vide). Les vraquiers, qui transportent du minerai de fer, du charbon, des céréales et d'autres cargaisons, représentent la plus grande part du tonnage total, soit plus de 40 %.
Ils sont suivis par les pétroliers (30 %) et les porte-conteneurs (13 %). Pour donner une idée de ce que représentent 1,92 milliard de tonnes, il faut considérer que la biomasse de tous les poissons de l'océan est estimée à 2 milliards de tonnes. Ce chiffre de 1,92 milliard est celui des navires de marchandises vides, qui ne tient donc pas compte de la cargaison qu’ils transportent ni de tous les autres types de navires (pêche, militaire, loisirs, tourisme, etc.).
Jusqu’à 3,5 % des émissions totales de CO2 sur la planète
Le premier des impacts du transport maritime est l'émission de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Les gaz à effet de serre sont responsables du réchauffement de la planète. Autrement dit, ces gaz permettent aux radiations solaires de pénétrer dans l'atmosphère mais empêchent les radiations infrarouges (chaleur) d'en sortir. Cette énergie thermique supplémentaire est maintenue près de la surface de la terre, ce qui réchauffe l'atmosphère et modifie le climat.
En moyenne, la consommation totale de carburant pour le transport maritime est estimée entre 250 et 300 millions de tonnes par an. Une consommation massive de combustibles fossiles qui émet un total de 932 millions de tonnes de CO2 chaque année, soit environ 2,5 à 3,5 % des émissions globales de CO2. Si le transport maritime international était traité comme un pays, il serait le 6e émetteur de CO2 au monde, après les États-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde et le Japon.
Les impacts sur la qualité de l’air
Un deuxième impact important est le rejet d'oxydes de soufre et d'azote – NOx (oxydes d’azote) et SOx (oxydes de soufre) - dans l'atmosphère. Ces composés sont libérés lors de la combustion des carburants et ont des effets néfastes sur la qualité de l'air. Les oxydes de soufre se transforment en acides sulfuriques au contact de l'eau et sont responsables de l'acidification des sols et des rivières, ce qui entraîne la dégradation des forêts et la pollution des systèmes d'eau douce.
Les oxydes d'azote contribuent de manière importante à la couche d'ozone troposphérique, une pollution atmosphérique de basse altitude également appelée "smog" qui a des effets néfastes sur la santé humaine. Environ 15 % des émissions anthropiques mondiales de NOx et 8 % des émissions mondiales de SOx sont imputables aux navires de haute mer, mais ces chiffres peuvent augmenter dans les zones côtières ou autour des grands ports. Aux Pays-Bas, jusqu'à 24 % des NOx présents dans l'atmosphère proviennent des navires, ce qui contribue massivement à la dégradation de la qualité de l'air. Ces oxydes sont principalement à l'origine de problèmes respiratoires tels que l'inflammation des voies respiratoires, la diminution de la fonction pulmonaire et l'augmentation des réactions allergiques. Une exposition à long terme peut provoquer de l'asthme et des infections respiratoires.
Une autre conséquence, moins connue, est celle de la pollution sonore sur les espèces marines.
La transition énergétique du transport maritime
Bien que les écosystèmes marins aient bénéficié d’un peu de répit durant le ralentissement des échanges internationaux avec la propagation du COVID, il est primordial d’envisager des solutions de long-terme pour une mobilité maritime plus respectueuse de l’environnement, tant sur le plan technologique que règlementaire.
Les technologies développées à bord d’Energy Observer représentent une première alternative aux combustibles fossiles : un mix d’énergies renouvelables, et une chaîne de production d’hydrogène embarquée, pour garantir l’autonomie sur de longues distance, sans émissions polluantes et sans bruit. L'industrialisation de ce modèle énergétique est encouragée aujourd’hui via les politiques publiques d’investissement massif dans l’hydrogène vert, notamment en France et Europe.
Une autre alternative sur le terrain des carburants qui se développe à grande échelle sur le fret international est le gaz naturel liquéfié (GNL), qui permet de diminuer les émissions de CO2 jusqu’à 20 % par rapport à une motorisation au fuel, d’éliminer 99% des oxydes de soufre et des particules fines, et 85% des émissions d’oxydes d’azote. CMA CGM vient d’annoncer l’entrée en flotte de son nouveau navire amiral équipé de ces technologies pour préserver la qualité de l’air et accélérer la transition énergétique du transport maritime.
Le terrain règlementaire constitue un élément essentiel pour œuvrer à la transition énergétique du transport maritime, par exemple avec la diminution de la vitesse du transport qui permettrait d’obtenir, à court terme, une réduction de la consommation de carburants, et donc de CO2, mais également une diminution des collisions avec des mammifères marins (une demande avait été déposée par la France auprès de l’Organisation Maritime Internationale) et aussi la mise en place de règlementation sur l’hydrogène à usage maritime pour multiplier son usage à grande échelle.
Une industrie nécessaire et une transition essentielle
Le transport maritime est souvent considéré comme le moyen le plus économique, écologique et sûr de transporter de la marchandise, surtout lorsque ces calculs sont faits par tonne de cargo déplacé. La pandémie du COVID-19 a également mis l’accent sur la nécessité d’une telle industrie : des millions de marins continuent de servir l’économie mondiale, de transporter de l’équipement médicale, des médicaments, de la nourriture et des biens de première nécessité pour faire face à la crise sanitaire.
L’industrie du transport maritime est un pilier de l’économie mondiale et elle se doit d’être prospère, mais il est néanmoins crucial qu’une transition vers des sources d’énergies vertes et durables soit faite rapidement. Il nous faut trouver des solutions pour stopper la pollution atmosphérique et les émissions de CO2 maintenant, et les technologies sont d’ores et déjà disponibles.
Il n’y aura pas d’économie sur une planète morte.
Commençons la transition aujourd’hui.